La où les vents s'endorment

C'était donc ici le fameux endroit... Une des planques les plus secrète, si ce n'était pas simplement LA plus secrète du vagabond. Fandow avait ammené au travers de sentiers incongrues, une jeune brise jusqu'à cet endroit... Le cimetière de bateaux... Longeant les caneaux, ils débouchèrent en effet bientôt sur un autre versant de la côte, plus sauvage que la baie du port avec des falaises de tailles moyenne mais escarpées et en contrebas une très longue plage où était venu mourir les épaves rejetées par l'océan.

Si plusieurs petits navires échoués venaient tout d'abord frapper le regard, plus loin sur la grande plage de sable qui s'étendait sous les reflets d'un croissant de lune, un grand navire, ou dumoins sa carcasse faisait comme une sorte d'île en lui même. C'était la coque d'un énorme trois mats qui avait dut s'échouer il y a pas mal d'année de cela. Fandow qui connaissait le moyen de descendre vers la plage sans danger réussit avec Raël à se retrouver devant ce monument des mers.

"Il y a des années de ça c'était un vaisseau d'une grande compagnie maritime, il a subit une violente tempête et les courants l'ont ramené jusqu'ici... Il est superbe même mort et porte le nom de "Septentrio" parce qu'il allait vers le Nord... Viens!"

Il l'entraina à l'intérieur... Si le premier étage était soumis à l'humidité de l'océan quelle surprise de voir que les quartiers du capitaine paraissait comme si le bateau était encore à flot... Malgré son côté un peu bancale, on s'attendrait presque en effet à voir entrer dans la pièce un commandant de bord. Cela n'était pas dut au hasard bien sur... Fandow avait rammené ici pas mal de trouvailles comme des vieux fauteuils, des objets insolites, des tapis précieux, des objets d'or volés on ne sait où ainsi que des tentures exotiques...

"C'est chez moi..." annonça-t-il en désignant d'un geste l'étendu de la pièce qui avait dans le fond une véritable baie vitrée qu'on voyait sur les bateau corsaire.

Raël s'éloigna légérement de l'homme qui l'avait mené jusque là. Elle fit quelques pas dans la pièce, se retourna avec un sourire en coin vers Fandow, puis, sans se préoccuper des objets decorant la pièce, elle s'avança jusqu'à la grande baie vitrée. Elle posa ses mains sur le large rebord devant la vitre, puis, appuyée ainsi, elle plongea ses yeux dans les vagues que l'on pouvait voir plus loin. Elle resta un moment ainsi, puis sans se retourner, elle jeta simplement, le souffle un peu coupé:

"C'est beau..."

Ce commentaire, dérisoire compte tenu du paysage qui s'étendait jusqu'aux coutures de l'horizon, resonna dans le silence. La lycan avait toujours vécu loin de la mer, et se retrouver ici, balancée par le rythme lent du rouli avait quelque chose d'agréablement irréel. Elle en avait presque oublié, pendant un instant, pourquoi -ou pour qui- elle se trouvait là. Elle détacha alors son regard des abimes invisibles, et se retourna, lentement, faisant face au vagabond. Elle s'assit sur le rebord froid, les bras tendus, de nouveau reposés sur le bois. Elle sentait la lumière bleu de la lune et de sa jumelle, qui dansait à la surface des eaux, dans son dos, comme échancrant avec nostalgie ses épaules nues. La lumière de la nuit découpait sa silhouette, et elle pouvait voir sur le plancher son ombre, qui semblait morte ainsi allongée sur le sol. Un air grave et songeur sur le visage, elle dévisagea le marginal. Pendant un instant, elle se crut vivre en haute-mer, et se trouver face au corsaire qui dirigeait ce navire. Elle sourit, la tête légérement sur le côté.

Fandow qui était resté dans l'ombre jusque là, la regarda faire avec un sourire léger peint sur ses lèvres. Le vagabond se tenait adossé contre une poutre qui jalonait le balcon de l'arrière du navire. Il regarda sa silouhette se découpé sur le ciel nocturne en écoutant le bruit des vagues qui venaient frapper la coque... C'était tellement calme et agréable ce silence, l'exploreur lacha un léger soupir en détaillant la lune ronde, inspirant quelques embruns du large...

"Très... Je crois que c'est l'endroit que j'aime le plus... "

Il agrandit son sourire en reportant ses yeux rougeâtre sur elle et marcha dans sa direction d'un air félin avant de la prendre dans ses bras. Il posa sur son épaule son menton pour regarder encore une fois les flots derrière elle puis l'embrassa doucement. Fandow était bien plus calme que tout à l'heure, la nuit leur laisserait le temps d'être amoureux, cet astre qu'aimait tout particulièrement le vagabond semblait veiller sur eux comme elle l'avait toujours éclairé sa route.
Il posa une main sur sa joue, caressant lentement son visage, les yeux du démon de couleur sang étaient plus doux que d'ordinaire... bien plus qu'ils ne l'avaient jamais été lui semblait-il.

Raël appuya doucement sa tête contre le torse du vagabond, se calmant dans ses bras comme si elle le connaissait depuis toujours.

"Je comprends pourquoi tu l'aimes..."

*Après tout, peut-etre ai-je enfin trouvé ma place dans ce monde...*

Elle redressa la tête, son visage tourné vers lui, observant ses yeux rouges qui la contemplaient. Elle sentait avec un sourd délice les doigts de l'homme qui effleuraient sa joue. La lycan sourit à l'idée qui traversa son crâne. Elle murmura un ciurt et vieux poème, décidement, elle aimait la poésie.

"Coeur ténébreux
Du calme hiver,
Cherche le feu
De sa chimère.

Coeur amoureux
Vit son printemps.
Si silencieux,
Et hors du temps."

Son sourire, malicieux, s'étira sur les lèvres pâles. Elle l'embrassa à son tour, sereine.

"Les silences sont éternels alors que les mots ne durent qu'un instant..."

Raël avait une drôle d'impression, comme si milles papillons hantaient son estomac. Et cela s'empirait à chaque fois qu'elle rencontrait le regard de braise de Fandow.

"Quel sortilège m'as tu donc jeté...?"

"Aucune idée... Je ne suis qu'un vagabond mais c'est peut être ça que tu aimes, un marginal, un inconscient... Un courant d'air ne peut se plaire que dans les voiles d'un voyageur."

Il la porta dans ses bras, elle n'était pas bien lourde, ce qui lui fit penser qu'elle méritait d'autant son surnom de fille de l'air. Il la garda ainsi lover son son torve pour l'amener jusqu'à son lit. Fandow passa la porte pour revenir à l'intérieur du bateau en faisant bien attention à ce qu'elle ne touche pas les côtés, ils traversèrent la salle principale surchargée de vieux meubles et passèrent enfin un voile de lin qui marquait l'entré de son antre... Sur le côté une large fenêtre ammenagée dans une crevasse dut au temps dans la coque. On pouvait y voir la mer et la lune comme sur le balcon. Devant cette superbe vue, une grande toile tendue au dessus du sol... L'exploreur avec de la vieille toile de voile et du cordage avait fabriqué une sorte de grand hamac suspendu à l'intérieur duquel quelques couvertures et coussins moelleux étaient étendus.

Il eut un sourire malicieux, cela ressemblait à ces cabanes démentes que l'on se fabrique quand on est gosse. Il déposa doucement Raël au creux de la toile et la rejoignit après avoir enlevé ses bottes. Ils glissèrent quasi-automatiquement aux creux du hamac et l'exploreur enlaça la lycan avec tendresse, lui donnant de multiples baiser au creux de la gorge.

L'impression était étrange. Le vagabond et la lycan se retrouvaient serrés l'un contre l'autre au creux de la toile tendue, qui formait une sorte de cocon. La courbe formait par le hamac les rapprochait toujours l'un de l'autre, irrémédiablement. Elle se blottit contre lui, rassurée par ses nombreux baisers. Puis au bout d'un moment, elle se demanda s'il avait remarqué les minuscules cicatrices qui sillonaient sa peau, sur l'intégralité de son corps. C'était sans doute une des dernières choses qui la rappelait à son passé, à son ancien clan. Songeuse, elle se redressa légèrement, appuyée sur son coude. Elle observa longuement le vagabond à ses côté, puis se penchant sur lui, la main sur son torse, elle l'embrassa doucement.

"Merci..."

Elle resta ainsi un long moment, immobile, le dominant légérement (héhé xD ), ses cheveux d'argent accrochant les rayons de lune tombant sur son visage.